Ce n’est pas la guerre civile qu’a filmée Hind Meddeb à Khartoum, mais la révolution populaire qui l’a précédée. Celle nommée, désormais, transition démocratique soudanaise, qui aura tenu de la destitution d’Omar el-Béchir en 2019 jusqu’à l’explosion de la guerre civile en 2023, quand la milice de Mohamed Hamdan Dogolo et l’armée soudanaise d’Abdel Fattah al-Burhane ont entrepris de se déchirer le contrôle du pays. La cinéaste venait de présenter à Cinéma du réel Paris Stalingrad, sur un campement d’exilés darfouris, quand a tonné l’annonce de la chute du dictateur ; embarquée dans la foulée depuis Tunis, seulement munie d’un micro et d’une caméra, la cinéaste a pu documenter l’immense sit-in populaire organisé tout autour du siège de l’armée pour exiger le changement de régime après la Marche du million qui avait vu des centaines de milliers de Soudanais converger vers la capitale pour faire tomber El-Béchir.
Jubilation poétique
Là, Meddeb a filmé pour la postérité la ferveur des jeunes, des démocrates, des idéalistes, des féministes, l’euphorie des fêtards, des artistes, des poètes, des musiciens. «Nuit, nuit, comme la révolution est belle de nuit» chante une jeune femme pendant qu’on tape sur des plaques de tôle ou qu’une jeune poétesse, l’œil incroyablement brillant déclame en dialogue avec la foule : «Un cadavre r