Dodelinement intempestif de la tête, fâcheuse envie de se mettre à groover a cappella, le documentaire du Français Hugo Sobelman comprend plusieurs de ces effets secondaires. Ils annoncent la couleur d’un film plus mignon et pédago qu’inventif dans sa forme – on frise souvent la brochure éducative – ou sa narration. Quiconque aurait trouvé pertinent le récent dossier du Figaro sur l’endoctrinement «woke» des enfants à l’école, sous l’influence d’enseignants vendus aux dangereuses idéologies antiracistes, frôlera en revanche la rupture d’anévrisme.
A Memphis, dans le Tennessee, où se sont écrites des pages éblouissantes de l’histoire du blues et de la soul, des ados noirs déshérités ont trouvé leur sanctuaire dans une école de musique gratuite, qui perpétue l’héritage du label Stax Records (rival historique de la Motown). Chant, danse et slam sont autant de moyens de conjurer des perspectives d’avenir sinistre, entre trafic de drogue et mort précoce. Surtout, la musique sert de porte d’entrée à des débats introspectifs sur la blackness et la lutte pour les droits civiques, dans lesquels les profs assurent le rôle de maïeuticiens bienveillants.
L’ensemble, archi-discursif, évidemment feel good, offre un élixir d’Amérique : tout ou presque s’y conçoit comme un exposé sur ce que peut l’amour contre l’intolérance, et s’entonne a