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Documentaire

«Soundtrack to a Coup d’Etat», jazz hot pour guerre froide

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Partant de l’assassinat de Lumumba au Congo, le documentaire étourdissant de Johan Grimonprez démontre le rôle majeur de la musique dans les offensives des Etats-Unis pour retourner l’opinion mondiale en leur faveur dès les années 60.

Louis Armstrong et sa femme, Lucille Wilson, devant le Sphinx de Gizeh, au Caire, en 1961. (DR)
Publié le 30/09/2025 à 19h36

Il faut un moment pour s’habituer au tempo frénétique et au mitraillage de citations par quoi s’ouvre l’impressionnant Soundtrack to a Coup d’Etat de Johan Grimonprez, qui dévoile un pan totalement méconnu des stratégies de soft power nord-américaines lors de la guerre froide. Le documentaire dévoile l’utilisation par les Etats-Unis du jazz, notamment grâce à l’envoi de musiciens, au premier rang desquels Louis Armstrong, en goguette dans le monde entier, pour tenter de séduire une opinion mondiale dont ils constataient inquiets qu’elle s’ouvrait aux sirènes de la décolonisation, du non-alignement, voire carrément du communisme. Une face «cool blue», bleue et cool, offerte aux USA, alors même que la CIA œuvrait ici et là pour tenter, parfois très grossièrement, d’éliminer des leaders politiques (le docu recense au moins trois actions visant des Premiers ministres, le Chinois Zhou Enlai, le Cubain Fidel Castro et, avec le succès qu’on sait, le Congolais Patrice Lumumba).

Les noms et dates se succèdent, affichés à l’écran en typo stylisée, sur un tempo de be-bop ou de free jazz, et l’on se dira plus tard