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Libération
Œil pour œil

«Stranger Eyes», surveiller la surveillance

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Yeo Siew Hua revient avec un thriller labyrinthique à Singapour, exploration inquiétante du voyeurisme dans son Etat insulaire natal.
«Strangers Eyes». (PANDORA WONG)
publié le 24 juin 2025 à 13h25

Dans les Etendues imaginaires, le précédent film de Yeo Siew Hua (Léopard d’or à Locarno en 2018), un policier enquêtait sur la disparition d’un travailleur migrant. Du moins au départ, car assez vite le polar se dissolvait, le film noir, attaché à montrer la violence du social, se perdait volontairement dans une architecture de rêves imbriqués, bien plus à même de décrire le capitalisme onirique, marchand d’irréalité, dont la ville de Singapour semblait complètement envoûtée. Dans Stranger Eyes, son nouveau long métrage de fiction, le cinéaste continue l’exploration critique-planante de sa cité-Etat natale au libéralisme autoritaire, où la liberté est surveillée, la vie en rose sous contrôle.

Cette fois, il s’élance d’un point de départ de pur thriller : une petite fille disparaît, échappant à la surveillance de son père sur le terrain de jeux du square voisin. Bientôt les jeunes parents effondrés reçoivent, gravées sur des DVD, des images de leur vie quotidienne, filmées par un tiers invisible depuis des mois, voire des années. Et à nouveau le film de genre, son suspense patiemment construit, se fera labyrinthique, imprévisible, aussi déceptif pour les solutions qu’il est adroit pour les énigmes, opérant son