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Critique

«Tardes de Soledad» : Albert Serra prend la corrida par les cornes

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Après son fascinant «Pacifiction», le réalisateur espagnol dresse le portrait d’un torero star au virilisme douteux dans un beau documentaire entre séquences inédites en coulisses et numéros dans l’arène.
Andrés Roca Rey, l’un des plus grands matadors de la tauromachie actuelle. (Dulac Distribution)
publié le 25 mars 2025 à 15h58

Il aura fallu à Albert Serra trois ans, après la sortie acclamée de Pacifiction, pour émerger des ténèbres polynésiennes dans lesquels s’ourdissait un nébuleux complot. En basculant du côté du documentaire – son tout premier –, Serra troque la moiteur de Tahiti pour l’aridité des arènes de corrida et le costume blanc de Benoît Magimel pour ceux, brodés de fils d’or, d’Andrés Roca Rey, l’une des grandes stars contemporaines de la tauromachie. A priori, le jour et la nuit ; si ce n’est que les deux films, fidèles à l’esprit de leur auteur, cultivent une même fascination hypnotique.

Coup de corne inattendu

Tardes de Soledad procède en alternant, selon une boucle quasi invariante durant les deux heures du film, des séquences en coulisses et des numéros dans l’arène aboutissant systématiquement à l’agonie d’un taureau dans le sable ocre. Habillage, trajet en voiture, entrée en scène du matador, ballet avec l’animal, coup de grâce, hourras de la foule, retour sur la banquette arrière. Délié de toute intrigue de fiction, Serra radicalise la construction cyclique déjà à l’œuvre dans ses précédents films, réitérant d’un bout à l’autre les m