D’un pinceau qui arrondit les angles (des campagnes brésiliennes et des êtres, créatures merveilleuses comprises, qui les peuplent), Tarsila do Amaral a entrepris, dans les années 20, une œuvre aussi culottée que ravissante, qui s’enveloppe dans les teintes pastel (du bleu ciel, du rose, du vert gazon, du jaune citron) d’un conte pour enfants. Sa monographie, qui se tient au musée du Luxembourg, claire et nette, rend justice à la malice moelleuse de l’artiste brésilienne et comble un manque.
La France avait passé à la trappe celle qui est vénérée depuis sa mort à São Paulo, en 1973, à 87 ans – même si c’est à la Maison de l’Amérique latine, il y a vingt ans, que lui fut consacrée sa seule expo posthume jusqu’à aujourd’hui. C’est aussi à Paris, en 1926, qu’elle eut droit à son tout premier show. A l’époque, le voyage à la capitale est un passage obligé pour tout artiste qui se respecte. A fortiori quand, comme Tarsila do Amaral, on est une fille de bonne famille. Ses parents sont de grands propriétaires terriens qui lui inculquent le goût de «la culture française du XIXe siècle». Les premières toiles, des nus féminins empâtés, laborieusement inspirés de Renoir et de Cézanne, de même que Vue de l’Hôtel à Paris, embué d’une touche bleutée tremblante ; témoignent de cette éducation que la jeune femme se félicitera bientôt d’être parvenue à dépasser.
Branchages coniques
Dédaignant enfin «les académies passéistes» qu’elle fréquenta à son arrivée à Paris en 1920, «émancipée par l