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Libération
Noir et blanc

«The Grill» d’Alonso Ruizpalacios : poivre et zèle

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Ampoulé et chichiteux, le drame culinaire du cinéaste méxicain surcharge ses personnages, employés d’une brasserie new-yorkaise.
Julia (Rooney Mara), serveuse amoureuse. (Jorge Luis Linares Marti´nez/Zona Cero Cine)
publié le 1er avril 2025 à 19h45

Dès les lettrines entortillées des cartons du générique et le noir et blanc, on pressent l’ampoulé. The Grill, nom du restaurant et du film (la Cocina en VO), offre côté salle un beau décor art déco comparable au Wepler à Paris, brasserie sans luxe mais avec de vraies serviettes. On est à Times Square, New York. On parcourt le labyrinthe métallique d’une salle de cuisine immense, les couloirs et faux murs des bureaux et les pauses d’arrière-cour, pas du tout la clientèle.

Dans cette petite Babel décrite le temps d’une journée, les langues des migrants en tabliers et toques, de plusieurs origines, se superposent. Le vibrion cuisinier Pedro (Raúl Briones) s’agite au centre de la brigade, «dos mouillé» – insulte qui lui fait péter les plombs lors du finale lourdaud inspiré des batailles de tartes à la crème du burlesque. Il est l’amoureux secret d’une serveuse aux yeux clairs, Julia (Rooney Mara), enceinte de lui. Il est suspecté d’avoir piqué 800 dollars dans la caisse. Enfin il chapeaute une nouvelle recrue, Estela (Anna Diaz), arrivée comme lui clandestinement du Mexique. Julia a décidé d’avorter, il est contre. Pedro se plante au centre nerveux du grand corps de cuisine, très chargé, très sollicité, comme toutes les figures surinvesties du film, le mot d’auteur toujours prêt à la bouche.

Le travail et les travailleurs

Il faut à la critique reconnaître son souci avec les films en noir et blanc à partir de 1980, pour dire vite. Sa justification maniériste, la veine revival, postmoderne,