En 2017, Okja de Bong Joon-ho, premier film d’un «auteur» précédemment reconnu pour son œuvre sur grand écran à être débauché par Netflix pour une production originale, était un film réflexif qui mettait en scène, ou en abyme, sa propre condition de marchandise numérique produite par le capitalisme de plateforme. Okja s’identifiait à son personnage principal, le «supercochon» du même nom, en tant qu’innovation vivante et création biotechnologique d’une multinationale équivalente à Netflix, un géant de l’agroalimentaire nommé Mirando, qui avait sur lui droit de vie et de mort, du biopouvoir à l’abattoir. La représentation de la lutte antispéciste était – ou était aussi – dans Okja la métaphore de l’espoir que le cinéma puisse continuer à exister. Aujourd’hui, après six années d’un défilé décevant de réalisateurs connus invités à faire des films édulcorés ou problématiques à destination des compteurs du débit de flux, le plus féroce David Fincher vient-il, avec The Killer, tuer le game (ou abréger ses souffrances), pour nous dire où on en est de la grande usine à formes de vie ?
La maîtrise de Fincher coïncide absolument avec celle du tueur
Son personnage, un tueur à gages sans autre nom joué par Michael Fassbender, qui, une fois compromis et menacé par l’échec d’une de ses missions, rem