Le chagrin d’une femme déversé en rage, à la poursuite fixe de sa vengeance, de mettre un terme définitif à la folie des hommes. Eux les fous. Eux qui l’ont violée, et tué tout ce qu’elle aimait au monde. Ainsi se présente, dans sa luxuriance sombre, The Nightingale. Il arrive que le tour obsessionnel du genre dit rape and revenge dure plus que de raison, dès lors rage et endurance font un ménage étrange : comment rester inexorable jusqu’au bout du voyage, tuer de sang-froid au bord de l’épuisement ? Tout s’acharne patiemment, l’effroi se répète, la respiration suspendue. Comment garder intacte la soif de vindicte quand le jeu de piste s’éternise, bifurque, ploie sous la violence ?
Tel était déjà le sujet en douce et le genre d’horreur du premier long métrage de Jennifer Kent, Mister Babadook (2014), réalisatrice, productrice, actrice, scénariste australienne. Il faut se boucher les yeux pour ne pas voir, à l’occasion encore de ce deuxième film, qu’une grande cinéaste est née – mots bien pesés. The Nightingale a pourtant connu un destin auprès de la presse et du public à l’image de son récit brutal : une projection houleuse à sa présentation en 2018 au festival de Venise (d’où il repartit néanmoins avec le prix spécial du jury et celui du meilleur jeune espoir pour son acteur Baykali Ganambarr). Par une possible conjuration d’imbéciles, le film antiraciste, féministe et anticolonialiste, y fut soupçonné et taxé de racisme, de misogynie et son autri