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Libération
Critique

«The Outrun» de Nora Fingscheidt, du cœur au sevrage

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La cinéaste allemande adapte avec habileté le récit d’une femme en lutte contre ses addictions sur l’archipel sauvage des Orcades, en Ecosse. Et évite les écueils du genre grâce au talent de son interprète Saoirse Ronan.
Sur l’île de Papay, Rona (Saoirse Ronan) tente de réparer tout ce qui s’est effondré. (UFO Distribution)
publié le 2 octobre 2024 à 4h25

La journaliste et autrice anglaise Amy Liptrot a publié en 2016 un livre autobiographique, The Outrun (l’Ecart en VF), où elle racontait son alcoolisme sévère et son sevrage sous la forme composite d’un récit entremêlant l’évocation des nuits de biture à Londres et la rude épreuve d’une sortie de l’addiction par l’isolement volontaire sur une île au large de l’Ecosse, Papay, une des plus éloignée de l’archipel des Orcades. Filmer cette histoire, c’est prendre le risque de transmuer les accents authentiques du récit confession en festivals de gestes et grimaces titubant sur un plancher poisseux jonché de phrases pâteuses. C’était sans compter l’investissement d’une comédienne hors pair, Saoirse Ronan, qui coproduit le film, et l’indéniable habileté d’une réalisatrice allemande passée d’un court métrage primé à Berlin à la direction d’une fiction Netflix avec Sandra Bullock (The Unforgivable en 2021). Amy Liptrot est elle-même créditée à la coécriture du scénario.

Le film raconte moins une histoire qu’il ne compose avec la météorologie tourmentée de l’existence de Rona, le personnage principal, que l’on voit au présent se débattre avec des petits boulots dont elle peine à comprendre le sens, temps morne que vient fracturer le souvenir des sorties en club à Londres dans l’exaltation de la musique et des shots avalés à la chaîne jusqu’à tomber. Mais cet