On en gardera l’image d’un peuple échoué. D’un cinéma se risquant à la parabole des rues et aux visions camées, pleines d’icônes, comme aux débuts et à la fin du monde. Au début : une litanie chantée devant un dispensaire, rythmée par des guitares de mariachi, rappelle que Jésus est ton sauveur. Une femme vêtue d’une parure pouilleuse en lamé pourpre se lance dans une danse sur elle-même, tourne sans fin comme une toupie, avec un sourire fou sur son visage oublieux de tout. Une autre, la cinquantaine belle, abîmée, se maquille avant d’aller faire le trottoir, pour se payer le prochain caillou de crystal. Une troisième est déjà dans la rue sur des talons aiguilles rouge sang, droite au soleil, occupée à survivre – c’est ça : à tenir debout. Une dernière plus jeune fume sa pipe de crack assise contre un mur lépreux graffité. A la fin du monde, montera pour l’une d’elles une prière silencieuse.
Masque macabre
Après avoir comme personne filmé un monde d’hommes violent et autarcique, westerns de France dans la communauté du voyage des Yéniches – les beaux la BM du Seigneur (2010) puis Mange tes morts (201