Ce n’est pas le meilleur titre et ce n’est pas le premier film à s’intituler de la sorte, The Wall. Le mur, après Pink Floyd et après Yilmaz Güney en Turquie, s’édifie loin de l’univers carcéral ou de la camisole mentale de ces films réputés. Le nouveau film du Belge Philippe Van Leeuw, sept ans après Une famille syrienne, se déroule au contraire à l’air libre, presque entièrement en extérieur dans le désert de l’Arizona, à la frontière mexicaine. C’est bien le mur hérissé de Trump pour surveiller et punir les aspirants clandestins à l’American dream. La sortie du film a le chic de tomber un mois et demi après la réélection du despote-«népote» élevé au grain de la téléréalité et de l’affairisme à tout prix, prêt à embarquer le monde dans son sequel de farce tragique.
Œuvre dense en métamorphoses et multilinguisme
L’équipe de tournage ayant eu interdiction de filmer ce mur, on n’en verra rien à part deux trois plans volés. The Wall contredisant exemplairement son titre ne cesse de circuler, de patrouiller et de traverser. Son récit est un territoire qu’on arpente plan après plan, sans qu’on sache toujours discerner de quel côté de quelle nation on est – d’autant que Tucson, la ville blanche, jouxte la grande réserve indigène des Tohono O’odham, «le peuple du désert». Le métissage fait partie de la terre, du décor, de la poussière. La seule qui semble fermée, recl