Le personnage principal du film d’Andrei Tănase est une vétérinaire de zoo en Roumanie, en pleine crise conjugale après la perte d’un enfant et la découverte de l’adultère de son mari. Mais la présence la plus impressionnante à l’image est celle d’une femelle tigre adulte, filmée en prises de vues réelles sans trucage visible (il s’agirait ainsi du plus gros budget pour un premier long métrage dans l’histoire du cinéma roumain), le regard comme frappé de mélancolie chaque fois qu’elle croise la caméra. Rihanna, c’est le petit nom donné au fauve, tenait lieu d’animal de compagnie à un gangster du coin jusqu’à son transfert en ménagerie pour examens médicaux. Une cage laissée ouverte lui permettra de s’évader de captivité, et la fable entreprend ainsi de lier la recherche de l’animal en fuite et le portrait fracturé du couple qui mène la battue, sans fil métaphorique explicite.
Etrange exercice pour un premier film, tenu sur un rythme grave et imperturbable, comme s’il s’agissait d’amener ses personnages au bout d’une quête sans effet de grandeur extravagante, laissant poindre une sensation d’humour absurde. L’épreuve intime traversée par ces figures un peu trop ternes est surtout anoblie par la rébellion paisible de la bête, partie se rafraîchir au bord d’une piscine, semblant attendre la mort dans une villa chic de Bucarest. Parce que le discours sous-jacent sur la société roumaine (ses divisions de classes, hypocrisies religieuses…) ne fait rien affleurer d’aussi profond qu’