On connaît la blague (de carabin) : toubib or not toubib. Le documentaire d’Antoine Page sur son frère cadet Angel, trêve de plaisanterie, se collète la puissance de vie (to be toubib). On n’est plus chez Molière, le médecin malgré lui doit s’arc-bouter. Devenir toubib c’est long, pas donné. Le film commencé en 2009, à l’entrée en fac à Besançon, et achevé en 2021 sur un automnal paysage cévenol, se risque fraternellement, sans savoir si le petit frère ira au bout de ses études. Le temps que la fonction fasse le larron, que la médecine fasse le toubib.
Le travail. La solitude. Le doute. Trinité rarement filmée comme ici, au plus près, home made, entre frangins. Toubib est un récit d’apprentissage par essence, ainsi de ces films qui brossent un portrait (de famille) au long cours, comme firent Boyhood de Richard Linklater et Vivere de Judith Abitbol aux deux bouts de l’existence, sur des années. L’apprentissage est cette posture particulière tenant du travail et pas encore du métier, de l’étude et pas encore de la charge. Douze années suivies par ce grand frère cinéaste et producteur s’étant donné les moyens de son indépendance, et le temps que ça prend pour «faire médecine», et un film parfois, découpant son documentaire en chapitres – première année, deuxième année et troisième année, externat, internat, thèse etc.
Portrait exemplaire
Vocation, déc