«#TouchePasMaVF», «rage against the machine», «IA dehors, nos voix sont des trésors». Ce mardi matin, place Diaghilev à Paris, le crachin tombe doucement sur les pancartes que l’on sort des coffres de voitures, se passe de main en main, et qu’on brandit devant les locaux de NBC Universal. A l’intérieur des bâtiments se tiennent au même moment des négociations cruciales pour la filière du doublage, entre les différents syndicats d’acteurs, les chaînes et plateformes commanditaires. Occasion pour les «voix» françaises, parmi les plus directement menacées par l’arrivée tonitruante des IA génératives sur le marché du cinéma et de l’audiovisuel, de dire leur inquiétude pour les 15000 emplois de la filière en France. Dans la foule, on cherche le visage de Maylis de Kerangal, en vain. L’autrice résumait parfaitement la déflagration en cours pour le secteur des «voix» dans son dernier roman, Jour de ressac (Gallimard).
«Des logiciels restituent en un clin d’œil le souffle, le grain»
Dans les belles pages de ce faux-polar, la narratrice est une comédienne de doublage d’une cinquantaine d’années qui, passant un casting pour devenir la voix française de l’actrice britannique Carey Mulligan, s’entend rétorquer que les voix humaines, c’est fini. Le trentenaire à chaussures pointues qui porte le coup de grâce, employé d’un studio de production londonien, rappelle à la narratrice