Après l’annonce de la sélection officielle, puis les films encore ajoutés depuis, mais aussi la révélation de l’affiche 2021 avec la photo du président du jury, Spike Lee portant une casquette siglée d’une palme, ne manquait plus qu’un jury en bonne et due forme dont la composition pour cette édition exceptionnelle, décalée en juillet et come-back après l’annulation de l’an passé, a été particulièrement lente à maturer. Cinq femmes et trois hommes épauleront donc le cinéaste américain dans cette traversée cinéphile de 24 longs métrages, du 6 juillet avec l’ouverture, Annette de Leos Carax, jusqu’au palmarès révélé le samedi 17 juillet.
Héroïne insubmersible
A n’en pas douter, le profil qui va le plus surprendre dans ce jury, c’est Mylène Farmer, héroïne variétoche insubmersible alimentant la chronique quelques heures plus tôt avec une tournée des stades en 2023 intitulée Nevermore, machine à tubes (Désenchantée, Pourvu qu’elles soient douces, Sans contrefaçon…) façonné dans le compagnonnage avec le musicien Laurent Boutonnat qui, se rêvant cinéaste, distribua la chanteuse dans Giorgino en 1994, film d’époque un peu échevelé et qui ne l’imposa pas comme cinéaste ni «Mylène» comme actrice. Figure populaire, nimbée de Baudelaire discoïde, elle discutera esthétique des plans et profondeur de champs avec la jeune cinéaste Mati Diop, révélée en compétition en 2019 avec son premier long-métrage, Atlantique, qui reçut le Grand Prix, l’actrice, productrice et réalisatrice Maggie Gyllenhaal, géniale notamment dans the Deuce, la série de David Simon, qui était déjà au jury du festival de Berlin en 2017 sous la présidence de Paul Verhoeven, lequel présente cette année à Cannes en compétition son très attendu Benedetta avec Virginie Efira et Charlotte Rampling.
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Mélanie Laurent, tout juste sortie de la promo de son film pour Netflix, Oxygène d’Alexandre Aja, sera dans ce jury en qualité de comédienne et réalisatrice «engagée pour l’environnement», forte d’une filmographie d’une quarantaine de titres dont Inglourious Basterds de Quentin Tarantino, sélectionné en compétition au Festival de Cannes en 2009. La star du cinéma coréen Song Kang-ho, au générique du triomphal Parasite de Bong Joon-ho, lointaine palme d’or 2019 de l’ère pré-Covid, fera le voyage vers Cannes, ainsi que le cinéaste brésilien Kleber Mendonça Filho, dont le deuxième long-métrage, était en compétition en 2016 et à nouveau en 2019 avec Bacurau, qu’il avait coréalisé avec Juliano Dornelles, emportant le Prix du Jury. Le cinéaste n’a eu de cesse d’exprimer son opposition au travail de sape de Bolsonaro contre la culture au Brésil. La cinéaste autrichienne Jessica Hausner (Lourdes, Amour fou, Little Joe…) et le comédien Tahar Rahim – surgi en parfait inconnu en 2009 dans Un Prophète carcéral de Jacques Audiard qui obtint le Grand prix du jury, cinéaste décisif pour lui donc et dont il devra soupeser l’évolution puisqu’il présente en compétition les Olympiades – complète l’équipage 2021. Il se trouve que sa compagne Leila Bekhti tient le rôle principal du film de Joachim Lafosse, Les Intranquilles.