Truong Minh Quy, cinéaste vietnamien né en 1990 à Buon Ma Thuot, ville du sud du pays, a vécu à Hô Chi Minh-Ville, étudié au Fresnoy à Tourcoing, et réside à Bruxelles. Succédant à deux premiers longs métrages, son luxuriant nouveau film, Viêt and Nam, présenté à Cannes dans la section Un certain regard, est à la fois une exploration de la mémoire traumatique et familiale de la guerre du Vietnam (1955-1975), une évocation stylisée de la condition migrante et ouvrière, un mélodrame amoureux queer, et cette liste ne l’épuise pas. Pour la poursuivre, on s’entretient avec son auteur, pas du tout décousu mais précis et bien résolu à faire le cinéma qu’il rêve de voir.
Il y a plein de choses dans Viêt and Nam, plusieurs pistes différentes de narration, de mise en scène. Quelle en a été l’origine, le premier désir ?
Je vois ce film comme une continuation de mes précédents, qui étaient aussi des explorations de la mémoire, de la famille et du foyer, du fait d’être avec ou sans maison, sans abri. Cette fois, Viêt and Nam a un fond historique, il est donc à la fois plus direct et plus vaste. L’histoire d’une famille s’y mélange à celle du pays. Mais c’est l’impact sur moi d’un événement tragique, la mort de migrants vietnamiens retrouvés dans un conteneur fin 2019 au Royaume-