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Libération
Critique

Un film guinéen qui arrive à point «Nome»

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Construit autour de l’itinéraire du jeune Nome, qui quitte son village pour le maquis en pleine guerre d’indépendance, le récit superpose habilement séquences fictionnelles et archives.
«Nome» de Sana Na N'Hada. (The dark)
publié le 13 mars 2024 à 0h54

Sana Na N’hada est un cinéaste bissau-guinéen au parcours atypique : d’abord engagé comme infirmier dans la guerre d’indépendance menée par Amilcar Cabral contre l’occupant portugais à la fin des années 60, il a ensuite été envoyé à Cuba pour étudier le cinéma et en est revenu pour réaliser de nombreuses images des combats en cours dans son pays. Il a ensuite consacré son œuvre, pour grande partie documentaire, à la mémoire de l’indépendance et au futur incertain de la Guinée nouvellement libre. Dans Nome, présenté en clôture de la sélection cannoise de l’Acid, Sana Na N’hada invente une fiction baroque où il combine diverses strates d’histoire et de régime de réalité qui s’entrelacent pour former un récit de désillusion. Curieusement construit autour de l’itinéraire d’un personnage totalement négatif, le jeune Nome, il déplie un parcours de vie marqué par une série de choix par défaut : après avoir mis enceinte Nambù, Nome quitte le village pour s’éviter une honte publique ; il s’engage dans l’armée de libération par opportunisme puis déménage à Bissau pour capitaliser sans vergogne sur son statut d’ancien soldat, passant de potentiel héros à véritable petit mafieux.

Parsemé de véritables éclats de grâce, et subitement éclairé de lumières tranchées qui font ressortir la belle précarité de la reconstitution (le film débute en 1969 et semble se finir de nos jours), Nome est aussi parcouru par les images filmées à l’époque par le cinéaste, et qui viennent s’entre