Il en va des films de Pierre Creton comme il en va des saisons, il n’y en aurait pas de moins ou de plus beaux ; ils sont là modestes, beaux à l’écran comme des nuances de couleurs et de sentiments, des successions d’instants filmés dans l’écrin végétal du Pays de Caux (où le cinéaste vit) et qui donnent à voir bourgeonner puis mourir, les hommes, les plantes, les animaux. Ainsi va la vie, ainsi va son cinéma, fictions et documentaires entrelacés sous les plis du temps, un geste entier de transmission que le cinéaste de 57 ans, également jardinier, artisan de la terre, du miel, des fleurs, de l’érotisme, souvent coiffeur pour ses proches, n’a pas fini de tracer dans les airs.
Interview
Emois en terres rurales
Voici donc Un prince, peut-être à ce jour son film le plus «fictif», si l’on pense non loin à son Va, Toto ! de 2017 (avec le fameux marcassin sauvé de la mort et recueilli à domicile par une vieille dame), le Bel Eté (2019) ou encore l’Heure du berger (2008), allons jusqu’à oser «autofictif» même puisqu’il y revient sur son enfance et son éveil au désir homosexuel comme à l’apprentissage de la botanique à travers divers lieux et expériences. Libre circulation des émois en terres rurales, Un prince, passé par la Quinzaine des réalisateurs à Cannes cette année, nous fait suivre