Ce film est un monde parallèle : vous savez, celui où tout le monde parle farsi au Canada. Plus exactement, le Canada anglophone de notre monde se retrouve persanophone de l’autre côté de l’écran – le Québec, que son personnage quitte au début avec un certain soulagement, étant toujours francophone. La ville de Winnipeg sous la neige y reste blanc gris beige, mais avec l’accent de Téhéran. Dans la fiction, personne ne s’en étonne, le temps présent apparaissant comme le résultat hypothétique d’une autre histoire collective que celle que nous connaissons, mais dont les détails nous restent inaccessibles. Le film parlera bien d’une substitution, d’un remplacement, plus intime, individuel, qui fait écho à cette modification générale, sans être liée à elle logiquement. Personne d’ailleurs, dans ce Winnipeg perse, ne s’étonne de grand-chose, alors que les bizarreries prolifèrent, comme par contagion de la plus vaste à de plus minimes étrangetés : ainsi de la surreprésentation des dindons au cours de la farce, de la tristesse générale et exacerbée (dans cette contrée qui a le goût des larmes, on peut gagner au jeu toute une vie de mouchoirs) ou de certains comportements inexpliqués.
Loufoque déchaîné et mélancolie lancinante
Bref, un homme joué par le cinéaste Matthew Rankin, et fortement inspiré de son être, rentre à Winnipeg pour s’apercevoir qu’il a été oublié par sa mère et remplacé à son chevet par un double, Massoud-Matthew, joué par Pirouz Nemati : ce qui est peut-être après tout pour le mieux. En parallèle ou perpend