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Libération
Liberté d'expression

Une pétition de soutien en Iran après l’arrestation des cinéastes Mohammad Rasoulof et Mostafa Al-Ahmad

L’arrestation vendredi des deux cinéastes suscite l’indignation en Iran. Malgré les dangers d’une prise de position ouverte face aux Gardiens de la révolution, de nombreux artistes et militants réclament dans une pétition leur libération et appellent à la mobilisation internationale.
Mohammad Rasoulof au Festival de Cannes en 2013. (Francois Mori/AP)
publié le 10 juillet 2022 à 13h45

L’arrestation brutale des cinéastes Mohammad Rasoulof (Le diable n’existe pas, Ours d’or à Berlin en 2020) et Mostafa al-Ahmad à Téhéran vendredi, au motif de leur activisme déstabilisateur –et en réalité pour avoir été signataires en mai d’un appel à ce que la police cesse d’user de ses armes sur la foule protestant contre la corruption et la gabegie réglementaire ayant conduit à l’effondrement d’une tour à Abadan dans le sud-ouest du pays –, suscite une forte réaction en Iran. Une pétition toujours en cours de signature circule et mobilise d’ores et déjà 335 personnalités du monde du cinéma et de la culture dont quelques cinéastes importants puisque y figure Jafar Panahi, condamné en 2010 à six ans de prison et à une interdiction de réaliser des films ou de quitter le pays pendant vingt ans mais aussi Asghar Farhadi (Une séparation, Un héros…), sans doute aujourd’hui l’un des noms les plus en vues à l’international et se tenant généralement dans une prudente réserve en raison des dangers que représentent toute prise de position ouverte face aux Gardiens de la révolution et aux premiers cercles du pouvoir gravitant autour de l’ayatollah Ali Khamenei. La situation sociale en Iran est très dégradée et le régime doit faire face à une véritable épidémie de grèves et de marches de colères contre une inflation hors de contrôle.

Voici le texte de la pétition qui est aussi un appel à une mobilisation internationale, signé, à l’heure de cette traduction, par 334 cinéastes et militants iraniens :

«En début de soirée, le vendredi 8 juillet, Mohammad Rasoulof et Mostafa Al-Ahmad, deux cinéastes critiques et engagés, ont été arrêtés à leur domicile à Téhéran dans un raid programmé, avant d’être transférés vers des lieux inconnus.

«Tout en condamnant la pression et la répression constantes exercées sur les cinéastes libres-penseurs et indépendants ainsi que le non-respect des droits individuels et sociaux fondamentaux par les institutions et organisations concernées, nous demandons, instamment, la libération immédiate et sans condition de nos confrères.

«Nous demandons également le soutien de tous les artistes, cinéastes et militants à travers le monde pour obtenir la libération des artistes [et de tous ceux qui critiquent la situation actuelle du pays.»

Signataires : Asghar Farhadi, Fatemah Motamed-Aria, Jafar Panahi, Taraneh Allidousti…