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Documentaire

«Une vie ordinaire» d’Alexander Kusnetsov : de l’asile à la ville

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Le cinéaste russe revient avec le troisième volet d’un puissant documentaire consacré à deux femmes, Iulia et Katia, après leur internement dans un centre de neuropsychiatrie en Sibérie.

Iulia et Katia, après leur sortie d'un centre de neuropsychiatrie en Sibérie. (Alexander Kuznetsov/Norte Distribution)
Publié le 28/10/2025 à 20h36

Une vie ordinaire n’est pas à proprement parler une suite parce qu’un documentaire qui enregistre l’actuel, la vie actuelle, n’a jamais de suite mais seulement un futur. On attend la suite d’un Marvel, d’une franchise ou d’une série. Moins un droit de suite dans le documentaire qu’un désir de suivi, dans cette curieuse solidarité humaine que peut seul le cinéma : ce souci légitime de vouloir subitement prendre des nouvelles de personnes que deux heures avant on ne connaissait pas. Alors, que sont devenues les Iulia et Katia des deux précédents films d’Alexander Kusnetsov ?

Le cinéaste russe a commencé à suivre les jeunes femmes il y a plus de quinze ans, alors qu’elles étaient internées dans un centre de neuropsychiatrie en Sibérie, abandonnées, parmi les fous : ça a donné Territoire de l’amour (2010) puis Manuel de libération (2016). Une vie ordinaire, aussi fort mais en beaucoup plus déprimant, reprend leur route future depuis leur sortie d’asile, leur destin et leurs rêves, à la rencontre du monde dehors.

Soldats de la prochaine guerre

On ne discernera bientôt plus l’asile de ce nouvel exil. Leur citoyenneté enfin recouvrée, elles sont libres. Se loger, se trouver un travail, un mari et peut-être l’amour, fonder une famille, de