Soixante ans après le défilé de mode au Purple Manor, night-club de Harlem, marquant un retour militant au «naturel» des femmes noires, à la coupe afro et aux peaux plus sombres que celles des magazines calquant les canons blancs, qui fut à l’origine du mouvement (et du slogan) Black is beautiful, c’est un film rutilant noir et blanc, tourné en solitaire, qui lance fièrement à la face du monde, des TERF et des racistes, des homophobes, des abolitionnistes de la prostitution : black trans women are beautiful. On pourra beaucoup objecter à Kokomo City. De ne pas respecter les règles admises, «réalistes» du documentaire, avec son esthétisme funk et sa rutilance queer, justement. C’est comme reprocher aux femmes transgenres de ne pas se conformer aux mêmes canons que les femmes cisgenres, de ne pas être de bonnes épouses au foyer. On passerait à côté du film, de son importance. Il serait indiqué, car ils sortent le même jour, au lieu d’opposer deux films qui sur des sujets très proches ont des styles aux antipodes, de coupler Kokomo City avec The Soiled Doves of Tijuana pour élargir le spectre esthétique et politique.
Daniella Carter, Dominique Silver, Koko Da Doll, depuis morte, tuée par balles dans les rues d’Atlanta, et Liyah Mitchell se lâchent, chacune à sa façon mais toutes cash, face à la caméra de D. Smith,