En 2001, dans un Vietnam toujours désuni depuis la guerre, le jeune Nam (Pham Thanh Hai) passe ses journées à piocher au fond d’une mine pendant que sa mère, Hoa (Nguyen Thi Nga), travaille au-dehors. Dès les premières images de Viêt and Nam, l’obscurité caverneuse et le grain fourmillant des profondeurs s’opposent à la beauté intemporelle des paysages extérieurs, dorés par la chaleur de la pellicule 16 mm. Périple sensoriel aux textures vibrantes, le film ne va ainsi cesser d’assembler des horizons contraires : Nam aspire à quitter la région, quitte à emprunter des voies illégales, mais cherche également à retrouver le corps de son père, abattu vingt-six ans plus tôt pendant la guerre, et entretient une liaison avec Viêt (Dào Duy Bao Dinh), l’un de ses camarades de labeur.
Le film s’avère lui-même scindé en deux par l’apparition du titre au terme de la première heure, la seconde délaissant le quotidien de Nam pour suivre son expédition au cœur de la nature vietnamienne en quête de la dépouille manquante. Malgré les années écoulées depuis la guerre, le conflit semble toujours vivace dans les méandres de la jungle : en plus des musées entreposant des piles d’ossements anonymes ou des familles endeuillées venues quérir l’aide d’une médium pour localiser leurs défunts, les personnages croisent, au milieu des bruissements des arbres, des obus pointant hors du sol ou des soldats figés en plein combat. Ces visions fantomatiques incarnent les stigmates d’une blessure encore o