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«Vincent Lindon, cœur sanglant» : ego tripes

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Un documentaire hors normes capte les paradoxes de l’acteur, dans un mélange tout lindonien de dignité et d’indécence, qui donne néanmoins envie de tout lui pardonner.
«Bonjour, c’est Vincent à l’appareil. Vous avez regardé le docu qui parle de moi ?» (FALABRACK'S)
publié le 6 février 2025 à 20h16

Vincent Lindon se promène en voiture à la campagne. Il passe près d’un champ. Au milieu, un petit arbre : «C’est sublime, il est tout seul, comme moi !» Il fond en larmes, sort son téléphone pour qu’on ne loupe rien de son déferlement d’émotion, comme une influenceuse surjouant une quelconque épiphanie. Puis : «Je coupe, parce qu’un copain me rejoint, et je ne veux pas qu’il me voie pleurer…» Et la vidéo, alors, elle était pour qui ? Il n’a pas Arte, ce copain ?

Autoflagellations de rigueur

Tout le paradoxe de Vincent Lindon, l’impudeur infantile mal déguisée sous une retenue de vieux lion, se loge dans cette petite scène, au centre du docu que lui consacrent Thierry Demaizière et Alban Teurlai et dont la forme est inhabituelle par le degré de collaboration du modèle : suivi sur quatre ans, couvrant notamment beaucoup de séjours cannois dont la palme d’or de Titane en 2021 et la présidence du jury en 2022, Vincent Lindon a bien sûr accepté d’être beaucoup interviewé (il aime bien) mais a été plus royaliste que le roi, puisqu’il s’est aussi filmé lui-même avec son téléphone. De ses escapades automobiles à ses tribulations de salle de bains, en passant par ses dîners en solo à la Closerie de