Les images de Voyage à Gaza datent de 2018, autant dire une éternité. Piero Usberti est parti filmer dans la bande de Gaza au printemps et à l’été de cette année-là, cherchant à rencontrer une jeunesse dont il avait fait la connaissance via un échange universitaire mis en place par son père dans la ville de Sienne, et muni sans doute de l’optimisme forcené de son jeune âge : «Un étudiant palestinien, Sharif, y a été reçu en échange, et nous sommes devenus amis. Face à ma curiosité, il me poussait à aller voir à Gaza, plutôt que de me contenter de récits rapportés», explique Usberti, aujourd’hui installé à Paris et que nous rencontrons, ça ne s’invente pas, rue du Jourdain. Agé à l’époque de 25 ans, le documentariste en herbe a débarqué en Palestine seul avec sa petite caméra, dans un élan dont le film rend compte et qui tient autant du périple initiatique personnel que de la volonté de ramener un témoignage politique. «J’ai pensé à une phrase de la photographe Susan Meiselas, qui dit que la caméra donne un moyen d’être là où je n’appartiens pas, et me donne la bonne distance pour rencontrer l’autre.» A ceux qui pourraient trouver que l’affiche comme le titre, dans leur légèreté, sont une provocation, Usberti répond qu’il a voulu «montrer la beauté de Gaza, qui ne se réduit pas à une terre où le pire arrive».
Répression quotidienne
Le film s’ouvre avec une voix off à la première personne, scandée dans un seul souffle, qui raconte l’arrivée la nuit, le paysage sonore incon