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Rencontre

Werner Herzog : «Voyons, vous n’êtes pas idiot, vous avez lu mon livre»

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A l’occasion de la sortie de ses mémoires et d’une rétrospective au centre Pompidou, rencontre acrobatique avec le légendaire metteur en scène allemand qui refuse de parler cinéma, voire de parler tout court.
Werner Herzog, à Paris le 3 octobre 2024. (Remy Artiges/Libération)
publié le 27 novembre 2024 à 16h10

Chacun pour soi et Dieu contre tous, les mémoires de Werner Herzog parus en France cet automne, se terminent de manière abrupte, au milieu d’une phrase – on ne vous gâche absolument rien en vous disant cela, le cinéaste l’annonce d’emblée dans son avant-propos. «Pour éviter toute confusion, que des gens ne se retrouvent pas à demander des remboursements, à croire à un défaut d’impression», nous précise-t-il, les coudes profondément enfoncés sur la table d’un café du IIIe arrondissement parisien. En Italie, après le dernier mot, l’éditeur a ajouté trois points de suspension, ça a fait toute une histoire.

C’est-à-dire que Werner Herzog est très fier de son coup. «Ce n’est pas une figure de style, c’est une interruption. Depuis ma fenêtre, j’ai vu passer un colibri et je me suis dit que j’allais m’arrêter là. Personne n’a jamais fait ça dans la littérature !» s’exclame-t-il, une main levée comme pour invoquer le courroux d’Opora, déesse grecque protectrice des fruits – il boit une orange pressée. Dans une autobiographie, peut-être. Parce qu’ailleurs, l’idée a été exploitée et pas qu’un peu – Bret Easton Ellis, Thomas Pynchon, David Foster Wallace, Kafka, Gogol, Joyce et Beckett, pour ne citer que les plus fameux. Mais on n’a pas jugé bon en rajouter. Avec Herzog, ça ne sert à rien de compliquer les choses : il s’en charge très bien tout seul.

Pour preuve : cinq minutes avant l’interview, il indique qu’il ne répondra à aucune question sur le cinéma. L’attachée