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Entretien

Yolande Zauberman : «Dès qu’il y a une caméra, il y a révélation»

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Conditions de tournage clandestines, rencontres inespérées… la cinéaste revient sur la genèse de «Classified people», son premier documentaire réalisé dans un pays déchiré par les lois racistes.
(Shellac Films)
publié le 22 septembre 2023 à 17h03

Autrice d’une œuvre documentaire palpitante, traversée par la question des communautés et de la séparation (Moi Ivan, toi Abraham, Would You Have Sex With an Arab ?, M), Yolande Zauberman n’avait pas beaucoup plus de 30 ans en 1987, lorsqu’elle décida d’aller filmer, quatre ans avant la fin de l’apartheid, l’amour d’un couple mixte et âgé, formé par Robert, métis, et Doris, noire. Extraordinaire premier jet ressorti mercredi sur les écrans, Classified People a marqué à jamais celle qui convoque avec nous les souvenirs de ce tournage clandestin et ses rencontres hors du commun, dans un pays laminé par la ségrégation.

Comment décidez-vous à l’époque de partir en Afrique du Sud ?

Ce qui m’étonne quand j’y pense aujourd’hui, c’est que je suis plutôt couarde ! Et il y avait quand même une loi qui vous collait 15 ans de prison si on vous attrapait avec une caméra… J’avais formulé mon désir après avoir vu des films sur l’Afrique du Sud, tournés par des Sud-Africains – qui eux, avaient le droit de filmer. J’étais obsédée par les frontières, y compris entre les gens. Je voulais donner l’idée à un cinéaste de filmer à l’intersection entre les blancs et les «colored», pour être son assistante, sans réaliser moi-même. Les gens à qui je l’ai raconté y ont cru plus que moi, ils m’ont «mis