Une autre Varda surgit dans les dédales de l’exposition orchestrée par la Cinémathèque française, inattendue, aux antipodes de la babouchka patate, avenante, artiste populaire qu’elle semblait être devenue à la fin de sa vie. Une Varda peut-être plus mélancolique, en tout cas âpre et secrète, au regard noir et visage presque aiguisé malgré sa rondeur, qui ne cessera jamais – et en particulier dans sa jeunesse – de se photographier, comme pour s’interroger «C’est donc moi, cette personne ?», faisant de son corps et son apparence, déjà, la matière première de son art. L’autoportrait, qu’il soit frontal et solitaire, ou en miroir, associé à autrui – Jane Birkin et tant d’autres –, est le fil caché de «Viva Varda», exposition non chronologique, en cinq accrochages thématiques quelque peu disparates (mais pourquoi pas ?) et dont l’immense plaisir réside dans ses pépites, documents inédits qui proviennent d’une malle au trésor : les archives de Ciné-Tamaris, rue Daguerre où Agnès Varda commence par camper, dès le début des années 50 – elle aménagera sa maison-bureau-productions petit à petit. Le tout est par ailleurs assorti d’une rétrospective et de rencontres-débats.
Modernité du geste
Sur un autoportrait étonnant, la frondeuse Varda d’à peine 22 ans, casquette de marin, vestiaire masculin, sans un sourire – mais les fous rires devaient être légion hors champ –, regarde au loin, accoudée à un bastingage. Varda pose pour elle-même, et on ne peut pas s’empêcher de se demander ce que la très jeune pho