Dimanche 20 octobre, c’était le triste anniversaire de la fusillade survenue en 2020 sur le pont de Lekki à Lagos, capitale du Nigeria, qui a mis fin dans le sang à deux semaines de protestations pacifiques contre les violences policières et tout particulièrement l’exaspération de la jeunesse face aux exactions des SARS, une unité de police créée par le gouvernement en 1992, devenue véritable machine de harcèlement et de racket sous couvert d’infiltration de réseaux des économies parallèles et illicites. Ces événements furent abondamment documentés en temps réel sur les réseaux sociaux mais niés par les autorités. Le ministre nigérian de l’information, un an après, évoque encore «un massacre fantôme» faute de preuves et de cadavres. Cette tragédie a percuté le processus de tournage du cinéaste Alain Kassanda, rendant plus fort et urgent encore l’ensemble de tout ce qu’il avait pu enregistrer sur le campus de l’université d’Ibadan, où il avait pris une part active à la relance d’un ciné-club étudiant, se réunissant dans un amphithéâtre une fois par semaine.
La même fièvre qu’en Mai 68
Ibadan est la troisième agglomération la plus importante du pays avec Lagos et Kano. Son université entourée d’un vaste campus, véritable ville dans la ville, comme on peut le voir au début du film à travers des images d’archives, fut pionnière en 1954 sous l’impulsion coloniale de l’University of London, devenant rapidement une des plus grandes et influentes institutions académiques en Afrique. Quelques figures inte