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Libération
Fausse polémique

Controverse autour d’«Emilia Pérez» et «The Brutalist» : la retouche des voix au cinéma n’a pas attendu l’IA

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Intelligence artificielle (IA) : de la fascination à l'inquiétudedossier
Les voix des acteurs de deux favoris à la course aux oscars ont été manipulées grâce au logiciel Respeecher. Déclenchant une peur parfois légitime mais révélant un recours aux effets spéciaux loin d’être inédit.
«Emilia Pérez» de Jacques Audiard a fait appel à la société d’IA Respeecher, basée en Ukraine et spécialisée en synthèse vocale. (Saint-Laurent Productions)
publié le 21 janvier 2025 à 18h22

De quelle performance parle-t-on exactement lorsque l’on récompense l’interprétation d’un acteur aux oscars ? Peut-on élire un comédien dont la performance vocale a été retouchée par des outils d’intelligence artificielle ? Alors que, le 3 mars, certains films arriveront à la cérémonie auréolés d’un halo de vertu en stipulant au générique que «aucune IA générative n’a été utilisée dans la réalisation de ce film» (c’est le cas de Heretic, le film d’horreur de Scott Beck et Bryan Woods), deux favoris entament la course avec une polémique aux pieds. Emilia Pérez de Jacques Audiard et The Brutalist de Brady Corbet ont tous deux fait appel à la société d’IA Respeecher, basée en Ukraine et spécialisée en synthèse vocale, celle-là même qui avait déclenché une vague d’émotion en clonant la voix de James Earl Jones pour la série télévisée Obi-Wan Kenobi (avec le plein consentement de l’acteur). Depuis le début de semaine, la levée de boucliers sur les réseaux sociaux mêle indistinctement crainte légitime de l’impact des IA sur les emplois et mauvaise foi technophobe. Elle illustre en tout cas l’état de psychose collective sur le sujet et le besoin de régulation accrue des pratiques.

Dans The Brutalist, l’acteur Adrien Brody incarne l’architecte juif hongrois Laszlo Toth, qui émigre a