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Théâtre

«Croire aux fauves», scène de cime

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Dans une mise en scène réussie, Laure Werckmann adapte le livre de l’anthropologue Nastassja Martin qui a survécu à une attaque d’ours.
«Croire aux fauves», jusqu’au 16 janvier au CDN de Strasbourg. (Adrien Berthet)
publié le 13 janvier 2025 à 15h38

Il en fallait de la vaillance (ou de l’innocence) pour s’attaquer à ce court livre auquel se sont déjà attachés intimement tant de lecteurs. Pour incarner la figure bien trempée de son autrice, bien trempée dans ce qui fait le bain d’une précision de pensée rare et d’une écriture à la beauté déconcertante. Laure Werckmann adapte et joue sur scène Croire aux fauves de Nastassja Martin.

Elève de Descola, l’anthropologue travaille sur la porosité des frontières entre les êtres vivants, humains, forêts, ours ou saumons, en Alaska ou dans le Kamtchatka russe, auprès des communautés évènes ou ce qu’il en reste. L’hybridation dont elle parlait dans ses textes, Nastassja Martin l’a vécue de manière bien plus violente, dans son corps, à 29 ans. Au retour d’une expédition dans les glaciers du Kamtchatka, elle rencontre un ours. Ils se confrontent, l’ours emportant un morceau de son visage, elle des touffes de chairs et de poils. Elle vit, miraculeusement. «C’est une naissance, puisque ce n’est manifestement pas une mort», pense-t-elle, exsangue, en attendant les secours.

Vilaine plante verte

C’est ce passage d’une vie à l’autre que raconte Croire aux fauves : arriver «à survivre malgré ce qui a été perdu dans le corps de l’autre ; arriver à vivre avec ce qui y a été déposé». Werckmann s’empare de ce récit sans se laisser dévorer. Le début de la pièc