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Libération
Art contemporain

Cyprien Gaillard, décombres à la lumière

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L’artiste expose entre Lafayette Anticipations et le Palais de Tokyo, à Paris, des œuvres inspirées par le temps qui amène inlassablement la décrépitude et la transformation.
Les cadenas du pont des Arts exposés par Cyprien Gaillard au Palais de Tokyo. (Timo Ohler)
publié le 26 novembre 2022 à 13h46

Dans les années 80, à deux pas du centre Pompidou, une sculpture méduse et amuse passants et touristes du quartier de l’Horloge, zone urbaine alors moderne, aujourd’hui sans charme. Le Défenseur du temps, fabriquée par Jacques Monestier, met en scène un guerrier armé d’un glaive et d’un bouclier qui se met en branle à intervalles régulier, à chaque fois que le dragon, le crabe ou le coq (parfois les trois) qui le cernent, l’attaquent. Le spectacle, bien huilé, s’est arrêté net en 2003 quand la mairie, lui coupant les vivres, laisse la mécanique se gripper sous les déjections des pigeons. L’automate, sauvé du désastre, trône, en hauteur, sous la verrière de Lafayette Anticipations, où Cyprien Gaillard en fait le cœur battant de son exposition ainsi que le symbole vivace de ces œuvres et de ces édifices censés défier l’éternité, mais qui finissent par succomber un jour ou l’autre aux transformations urbaines, aux caprices du goût et de la mode, ou encore à l’inéluctable déliquescence qui guette toute chose en ce monde, l’amour, les preuves d’amour, les rêves d’exotisme, les musées.

Nouvelle Atlantide

C’est cette ligne entropique, dans la veine de celle des œuvres de Robert Smithson, que suit aussi l’artiste, révélé au cœur des années 2000 (couronné du Prix Duchamp en 201