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Libération
Disparition

Dans la BD, Belmondo a l’étoffe d’un éros

L’acteur, mort ce lundi à 88 ans, a inspiré de nombreux dessinateurs, incarnant dans leurs pages une masculinité magnétique.
(DR)
publié le 6 septembre 2021 à 21h05

Est-ce que c’est le pif, ou plutôt les lignes ultra-expressives de son front ? A moins que ça ne soit ce regard rieur qui disparaît derrière les paupières ? Il y a en tout cas une forme de magie dans la tronche et l’attitude de Belmondo, mort ce lundi à 88 ans, qui n’a cessé d’envoûter les auteurs de bande dessinée des années 70 et 80. La connexion la plus évidente, c’est Blueberry. Avant de changer de traits au fil des albums pour emprunter aux américains Bronson et Eastwood, le visage du cow-boy de Jean Giraud s’est façonné autour de celui de Belmondo qui, pour l’auteur et gourou de la BD, «incarnait une agilité féline, décontractée, américaine, un charme gouailleur et sinueux. […] L’antithèse d’un Alain Delon». Quand le magazine Pilote consacre un numéro spécial au cinéma, en 1971, il est le seul acteur à se faire croquer en couv, en pleine page, dans un sourire exagérément flippant.

En Italie, le magnétisme de sa masculinité rebelle est célébré à longueur de pages dans les fumetti crapuleux où se mêlent action, érotisme et bravade aux ayants droit. Les hommages les plus stupéfiants restent les couvertures de Goldrake, pastiche cul de James Bond, où des nymphettes à moitié nues s’étalent au côté d’un Bébel endimanché comme 007. Mais c’est du côté du Japon que les auteurs ont le plus ouvertement déclaré leur flamme pour l’as des as. Que ce soit Monkey Punch et son gentleman cambrioleur Lupin (surtout connu en France sous le nom d’Edgar de la cambriole ou pour le film d’Hayao Miyazaki le Château de Cagliostro) ou Buichi Terasawa et son pirate de l’espace Cobra, les deux mangakas les plus vocaux se retrouvent au moment de refaire la genèse de leur personnage à assumer l’impossible : ils sont la synthèse de Belmondo et Delon. Le séducteur et le charmeur.