Menu
Libération
Théâtre

«Dans le cerveau de Maurice Ravel», fin de partition

Article réservé aux abonnés
Subtile réflexion sur la mémoire en fuite, la pièce musicale retrace avec poésie la lutte du compositeur, brillamment incarné par Vladislav Galard, contre une maladie neurodégénérative.
«Dans le cerveau de Maurice Ravel» retrace la lutte du compositeur du «Boléro» contre la maladie neurodégénérative. (Simon Gosselin)
publié le 8 avril 2025 à 12h24

Un décor outrageusement classique, un homme à barbe déguisé en soubrette : les premiers stimuli envoyés à nos neurones sont un peu dissonants. Des riffs de batterie font bondir le public à peine assis. Mais voilà Vladislav Galard qui entre en robe de chambre, presque dansant, comme au ralenti, annonçant la délicatesse du morceau de théâtre à venir autour des dernières années de Maurice Ravel. Présenté dans la petite salle du théâtre Silvia-Monfort, Dans le cerveau de Maurice Ravel retrace la lutte du compositeur du Boléro contre la maladie neurodégénérative qui, progressivement, implacablement, borne sa créativité et le livre à ses obsessions. La maison étroite où l’on se trouve avec lui, c’est le Belvédère de Montfort-l’Amaury (Yvelines) que le musicien a acheté en 1931, où il vivra seul avec sa gouvernante, Mme Reveleau (Thomas Gonzalez), jusqu’à sa mort en 1937.

Aura-t-il le temps de finir son opéra sur Jeanne d’Arc ? Il l’a tout entier dans la tête, mais parviendra-t-il à l’en sortir ? «Je rature beaucoup Mme Reveleau en ce moment.» L’ensemble de la pièce est organisé autour du face-à-face, drôle et léger, du musicien et de sa gouvernante, sorte de Céleste Albaret (en moins sympathique que la gouvernante de Proust). Après tant d’années passées à ses côtés, Mme Reveleau a fini par s’y connaître en arpèges