Un décor outrageusement classique, un homme à barbe déguisé en soubrette : les premiers stimuli envoyés à nos neurones sont un peu dissonants. Des riffs de batterie font bondir le public à peine assis. Mais voilà Vladislav Galard qui entre en robe de chambre, presque dansant, comme au ralenti, annonçant la délicatesse du morceau de théâtre à venir autour des dernières années de Maurice Ravel. Présenté dans la petite salle du théâtre Silvia-Monfort, Dans le cerveau de Maurice Ravel retrace la lutte du compositeur du Boléro contre la maladie neurodégénérative qui, progressivement, implacablement, borne sa créativité et le livre à ses obsessions. La maison étroite où l’on se trouve avec lui, c’est le Belvédère de Montfort-l’Amaury (Yvelines) que le musicien a acheté en 1931, où il vivra seul avec sa gouvernante, Mme Reveleau (Thomas Gonzalez), jusqu’à sa mort en 1937.
Aura-t-il le temps de finir son opéra sur Jeanne d’Arc ? Il l’a tout entier dans la tête, mais parviendra-t-il à l’en sortir ? «Je rature beaucoup Mme Reveleau en ce moment.» L’ensemble de la pièce est organisé autour du face-à-face, drôle et léger, du musicien et de sa gouvernante, sorte de Céleste Albaret (en moins sympathique que la gouvernante de Proust). Après tant d’années passées à ses côtés, Mme Reveleau a fini par s’y connaître en arpèges