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Théâtre

Dans le Off d’Avignon, vous avez dit «Bizarre» ?

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Pendant une heure, l’acteur Roland Vouilloz est assis devant nous, de profil. Et l’étrangeté de la langue qu’il porte donne à chaque phrase de la pièce la puissance d’aphorismes.
«Le Bizarre», texte de Fabrice Melquiot, mis en scène par Jean-Yves Ruf, avec Roland Vouilloz. (Claude Dussez)
publié le 23 juillet 2025 à 10h33

On connaissait la Femme assise de Copi, il faudra désormais compter avec Roland Vouilloz assis pendant une heure de profil dans son monologue le Bizarre, du sur-mesure signé du dramaturge Fabrice Melquiot, mis en scène par Jean-Yves Ruf. Un type qui dit s’appeler Michel, mais rien n’est moins sûr de la part d’un type qui dit : «Des fois, je rêve que je me trouve. Je me trouve. Et je suis bien emmerdé, parce que je sais pas quoi faire de moi.»

Michel donc, assis, qui attend, non pas Godot, mais une «femme de droite», Isabelle, rencontrée à la Migros autour d’une boîte de flageolets. Au menu ce soir, du poulet, les flageolets bien sûr, et puis cette question «Couillerons-nous avant ou après le repas ? Préfère-t-elle chatter l’estomac vide ? […] Je viens de réaliser que le verbe chatouiller est un mot-valise. Ça mélange couiller et chatter. Ça est fou, la langue.»

Fou peut-être pas, bizarre sûrement cette grammaire qui retarde les mots déjà ralentis par l’accent suisse de ce vrai-faux Michel : «Holà ! Holà, j’ai pas mouru depuis longtemps moi. Faudrait que je meure un peu, avant que ça me passe.