Donc c’est possible de concevoir un livre de photos très bien imprimé mais qui, par son format et sa couverture souple, échappe à la catégorie barbante et pesante du beau livre, arme par destination de choix. Donc, ça existe un livre de photos qu’on veut garder à porter de main – et avec lui l’effervescence intime qu’il contient – pour ne jamais perdre Romy Schneider de profil en apesanteur sur une échelle sur le tournage de l’Enfer, le film inachevé de Clouzot en 1964, Bardot fumant une clope nonchalamment comme n’importe qui sur un quai de gare désert avant de s’engouffrer dans un wagon-lit, ou encore les éclats de rire jumeaux de Truffaut et Léaud sur le tournage des Deux Anglaises et le Continent en 1971, deux sourires comme celui du chat de Cheshire dans Alice au pays des merveilles.
«Leur solitude est un dialogue»
Ce ne sont que trois exemples. Les Années déclic rassemble une centaine de photos d’un très jeune reporter nommé Raymond Depardon qui, équipé d’un Rolleiflex et d’un scooter de la marque Rumi, file dans la ville afin de capter l’éveil d’un monde, aussi bien une inconnue brune au milieu d’une pléthore de jeunes filles nommée Catherine Deneuve, que des manifestants devant le siège du patronat français tand