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Libération
Ressorties en salles

Dans les films noirs, l’homme est un chelou pour l’homme

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Quatre films noirs américains ressortent en salles en version restaurée dont le très beau «l’Evadée» d’Arthur Ripley. Des œuvres dont les héros aux destins maudits reflètent la violence des années 40.
«La Rue rouge» (1945) de Fritz Lang, avec Edward G. Robinson et Joan Bennett. (les films de Camelia)
publié le 18 septembre 2024 à 7h00

On définit par «film noir» un genre de cinéma des années 40 et 50 identifiable, inspiré ou adapté des romans policiers d’un Chandler, Hammett, M. Cain, fondateurs principaux des figures de style du «noir» : le détective privé, la femme fatale, la ville nocturne et mouillée, interlope, l’enquête jonchée des turpitudes comme dans un rêve à la logique étanche, bien sûr le noir et blanc aux clairs-obscurs troués des complexions pâles et tourmentées, des blondeurs platines et d’aveuglements électriques. L’ère du film noir court ainsi du Faucon maltais de Huston en 1941 à Poursuites dans la nuit de Tourneur et la Soif du mal de Welles, en 1957.

Peur et de persécution

A une forme caractéristique, sordide et désespérée, correspondait une économie précise, les petits budgets de série B. Autre propriété notable : que le genre ait fleuri pendant la guerre et après-guerre, comme des traumatismes (deux des personnages principaux des films ressortant en salles, le Piège et l’Evadée, sont des vétérans marqués). Sa noirceur fondamentale n’est pas étrangère à ce que ce genre fût pour grande partie l’œuvre d’«étrangers» précisément, européens en exil forcé amenant dans leur sillage un fond de peur et de persécution, de culture, l’expressionniste allemand emmêlé au réalisme poétique français, enfin une con