Dans Romería de Carla Simón, la jeune Marina, sur les traces de son père biologique décédé au début des années 90, finit par avoir un aperçu des circonstances de sa mort, quand elle comprend que ses grands-parents cachaient leur fils de tous les regards, le laissant agoniser, enfermé dans une chambre de leur grande maison de Galice. La peur et la honte irrationnelles du virus, le dégoût mal masqué, la tentative bourgeoise de sauver les apparences révèlent d’un coup, sans qu’elle le dise tout haut, à Marina – née de l’amour agité entre deux addicts à l’héro morts du sida, dont elle tente de se rapprocher par-delà la perte – tout ce qui la sépare de cette famille qui n’a pas été la sienne. La quête d’une subtilité lancinante dans l’évocation d’une époque de deuils, à l’heure pour la cinéaste d’explorer sa propre histoire, est aux antipodes du traitement de sujets proches par Julia Ducournau.
Dans la France parallèle d’Alpha, entre 1982 et 1990, sévit un équivalent fantastique du VIH où le corps des malades se change en marbre. Outre la prétention pétrifiée de cette vision artiste (Michel-Ange, pas Wojnarowicz), la mise en scène de l’épidémie cède à l’imagerie