Au départ, on pense la démarche un rien convenue : partir à la recherche d’un grand-père jamais vu, mener l’enquête sur un fantôme familial – dont la grand-mère ne raconte pas grand-chose, et quand elle parlait c’était pour évoquer tout et son contraire – et penser que l’intime convoque la mémoire collective, bla bla bla. Et puis on se dit pourquoi pas, ce mobile en vaut bien un autre, curieux de comprendre ce que le théâtre aurait à voir là-dedans. Réponse ? Tout. Dans ton intérieur est absolument théâtral avec en son centre unique, naviguant sur son plateau de moquette immaculée ponctué de trois cubes blancs, Julia Perazzini. C’est elle, la petite-fille de cet homme disparu très tôt dans la famille, sans jamais plus donner de nouvelles : Giancarlo, né milanais, ayant vécu en Suisse, passé par Paris, installé quelques années au Québec, remarié, des enfants : un type «bien mais très spécial» pour les uns, un salaud de raciste pour les autres, qui n’aimait pas les gosses mais adorait son cheval, Patriote. Bref une vie comme une autre que Julia a pu reconstruire au fil de ses rencontres, sans jamais combler tous les trous. Et tant mieux, car la pièce se passe ailleurs, dans une série de faux-semblants, à l’image de cette collection de sacs de luxe de contrefaçon – appartenant à sa grand-mère – qu’elle dépose sur le plateau aux allures de display.
Le théâtre commençait sur un mode documentaire ? Il se poursuit en installation superbement plasticienne et se développ