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Libération
Trop réel

Dans un musée du Pays-Bas, une œuvre d’art jetée par erreur à la poubelle

Les deux canettes de bière peintes à la main à l’acrylique ont été sauvées de justesse après avoir été retrouvées dans une poubelle.
L'œuvre du Français Alexandre Layet exposée au musée d'art de Lisse, en juin 2019. (AFP)
publié le 7 octobre 2024 à 18h06

C’est l’histoire de deux canettes pas nettes, perdues au milieu des débris un peu cracra d’une poubelle du musée LAM de Lisse (Pays-Bas). Toutes les deux sont vides. L’une est à moitié écrasée. Aux visiteurs qui les remarquent, les deux Jupiler semblent crier les excès d’un vernissage devenu teuf la veille. Rien d’autre. Pourtant, un œil plus attentif pourrait le déceler : les deux «déchets» sont peints à la main.

Les deux pintes se sont retrouvées là par erreur. Toute bête. Un membre du personnel les a jetées sans savoir qu’il s’agissait là d’une œuvre de l’artiste français Alexandre Lavet. Les deux objets sont méticuleusement peints à l’acrylique et intitulés «Tous les bons moments que nous avons passés ensemble». «Beaucoup de temps et d’efforts ont été nécessaires pour les créer», selon le musée.

A la décharge (et sans jeu de mots) de l’employé, la scénographie n’a pas aidé. A l’origine, les deux canettes trônaient dans une cage d’ascenseur en verre. Une volonté du musée LAM de Lisse, dans l’ouest des Pays-Bas. Sa porte-parole Froukje Budding explique à l’AFP que les œuvres d’art étaient souvent placées dans des endroits inhabituels, d’où leur exposition dans un ascenseur. «Nous essayons de surprendre le visiteur à chaque fois», a-t-elle ajouté.

«Il faisait juste son travail»

C’est en revenant d’une courte pause que la conservatrice Elisah van den Bergh a remarqué que les canettes avaient disparu. Elle a récupéré l’œuvre dans un sac-poubelle juste à temps, alors qu’elle était sur le point d’être jetée. «Nous avons maintenant placé l’œuvre dans un endroit plus traditionnel, sur un socle, pour qu’elle puisse se reposer après son aventure», a confié Froukje Budding à l’AFP. Elle a souligné qu’elle n’avait «aucune rancune» envers le technicien, qui venait de commencer au musée. «Il faisait juste son travail», a-t-elle déclaré.

«Notre art encourage les visiteurs à voir les objets du quotidien sous un jour nouveau», a expliqué Sietske van Zanten, directrice du musée. Dans cette optique, il est peu probable que les canettes restent longtemps sur le socle qui leur a été attribué. «En exposant des œuvres d’art dans des endroits inattendus, nous amplifions cette expérience et tenons les visiteurs en éveil», a ajouté la responsable. Et si la benne était au fond un parfait «endroit inattendu» pour les exposer de nouveau ?