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Billet

Dati ou la culture en battle-dress

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Ponctuant son discours d’éléments de langage guerriers ou d’un libéralisme convenu, la nouvelle ministre a de fait annoncé la couleur de sa mission: labourer le terrain de la com droitière, avec les artistes au dernier rang.
Rachida Dati lors de la passation de pouvoirs au ministère de la Culture, le 12 janvier 2024. (Corentin Fohlen/Libération)
publié le 12 janvier 2024 à 13h03

Malraux, le retour, vieille scie inusable quand vraiment l’inspiration manque : «Le ministère chargé des Affaires culturelles a pour mission de rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France.» On entendrait presque en bande-son le grincement épuisé d’une grande porte vermoulue enfoncée d’un coup d’épaule même plus courageuse. Quand il pose cette pierre en 1959, le poste n’existe pas, il l’impose à de Gaulle, il y avait une idée. En janvier 2024… Pourtant Rachida Dati pose d’entrée de jeu ses refs et ses guns. Elle est même carrément en battle-dress chic tout en n’ayant pas l’air totalement à l’aise face à une Rima Abdul-Malak chaudement plébiscitée par les troupes de la rue de Valois et tirant sa révérence en déclamant un poème d’Andrée Chédid («Quand tout est abandon ; /Que nous soyons ensemble /Egarés et lucides»).

Le champ lexical de Dati, pour une première prise de parole, certainement la plus scrutée, était à dominante guerrière : «Chacun sait que j’aime me battre», «le réarmement de la France», «ma grande arme est ma combativité», parsemée de «à fond», «déterminée» et même «n’ayez pas peur». Le thème vague, déjà obsession de Roselyne Bachelot mais aussi d’un Laurent Wauquiez, de l’accès à la culture pour tous, de la «cultu