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Libération
Rétro 2021

De Britney Spears à Lionel Messi, l’année culturelle et sportive

Euro de football 2020 (en 2021)dossier
La libération de la tutelle de la popstar, l’arrivée du football au PSG, mais aussi les JO, les adieux de Daniel Craig à James Bond et des Daft Punk à leurs casques : tour du monde culturel et sportif de l’année 2021.
Des fans de Britney Spears devant le tribunal de Los Angeles, le 12 novembre. (Chris Pizzello/AP)
publié le 26 décembre 2021 à 11h47

Britney Spears enfin libre

12 novembre. Un happy end et un miracle. Il y a quelques mois encore, alors que la mobilisation sur Internet et dans la rue battait son plein, personne n’aurait osé espérer que Britney Spears, idole suppliciée du star-system aujourd’hui âgée de 39 ans, se défasse réellement de la tutelle de son père qui la maintenait depuis treize ans dans des limbes infantilisants, sans avoir le droit de disposer ni de son corps, ni de son destin, ni de la fortune qu’elle a générée depuis le début de sa spectaculaire carrière, il y a plus de vingt-cinq ans. Finalement, la juge Brenda Penny aura entendu, par le biais des militants du mouvement #FreeBritney, et aussi dans la bouche de l’artiste elle-même, tout ce que cette situation revêtait d’archaïque et de scandaleux ; elle l’a libérée de son père, pour le remplacer par un comptable que Britney Spears a choisi, et de son obligation à travailler pour faire tourner le juteux business que cette tutelle alimentait. Le verdict conclut aussi une séquence médiatique inespérée, appuyée par deux documentaires produits par le New York Times et Netflix, qui aura mis au jour le sexisme profond au travail dans la pop music à tous les étages du business, des médias aux studios d’enregistrement. Vive Britney libre. O.L.


James Bond: sortir peut attendre

6 octobre. Patience et longueur de temps, etc. Les producteurs historiques et richissimes de la franchise James Bond au cinéma, Barbara Broccoli et Michael G. Wilson, ont dû repousser trois fois, pour cause de Covid, la sortie du dernier épisode, Mourir peut attendre. Avec son budget à 300 millions de dollars (et 66 millions cramés pour la mise en orbite annulée d’avril 2020), la MGM avait en secret, selon Variety, tenté d’approcher diverses plateformes de streaming pour décrocher un deal qui aurait pu convaincre le duo Broccoli-Wilson de changer sa stratégie old school de sortie en salles. Le film de Cary Joji Fukunaga enregistre finalement des records de fréquentation avec 730 millions de dollars de recettes dans le monde. La tendance à Hollywood a été a contrario soit de déverser les contenus sur les plateformes (Soul de Pixar sur Disney +), soit en exploitation parallèle salles-streaming comme les films Warner sur HBO Max (Wonder Woman 1984, Dune…). Le nombre de films diffusés en streaming entre 2019 et 2020 a triplé aux Etats-Unis et les cinémas ont vu leur fenêtre d’exclusivités réduite de 75 jours hier à 17 aujourd’hui (30 si le film cartonne). D.P


Les Daft Punk posent leurs casques

22 février. On s’est fait maintes fois la réflexion que leur musique s’entendait de plus en plus dans la variété française : Angèle, P.R2B, Juliette Armanet, La Fem­me… sans parler de ce qui se trame de L.A. à Séoul. Pendant ce temps-là, les héros Thomas Bangalter et Guy de Homem-Christo, sans se déchirer, perdaient la flamme, sacrée. Dans une vidéo sobrement intitulée Epilogue et recyclant la scène finale de leur long-métrage Electroma, Daft Punk annonçait la fin de son aventure. Une épopée ahurissante qui aura mené ces deux petits Parigots férus d’indie rock des raves jusqu’aux étoiles d’Hollywood, et changé d’un seul geste la face de la pop, de la house et de la manière dont on peut exister dans la musique. Légèrement traumatisés, nous leur avons souhaité bon vent. Mais pour dire vrai, dix mois plus tard, on ne s’en est pas tout à fait remis. O.L.


Pinault s’installe à Paris

22 mai. Impénétrable (nul ne sachant qu’en faire) depuis des décennies, la Bourse de Commerce, retapée avec doigté et avec érection d’une coursive circulaire en béton par l’architecte Tadao Ando, abrite, depuis mai, la faramineuse collection d’art contemporain de François Pinault. Tous les artistes qui comptent et sont désormais trop chers pour que les institutions publiques puissent se les payer y figurent. Sans oublier les autres, que, par goût ou flair, le milliardaire propulse tout en haut de ses prescriptrices cimaises. Une bonne collection pêche au large et au gros. Opportunément situé entre le Centre Pompidou et le Louvre, le vaisseau amiral de la Collection Pinault, qui a installé, depuis une dizaine d’années, deux comptoirs vénitiens, attire près de 3 000 visiteurs par jour. Remplit son carnet d’abonnés (près de 30 000) et fait sensiblement bouger la carte de l’offre artistique à Paris. Dans le bon sens ? Face à ce rival indépassable en termes de puissance financière, les institutions publiques ne peuvent que collaborer, c’est-à-dire suivre l’élan d’un autre, plutôt que de tracer le sillage. Ainsi une co-exposition de l’artiste américain Charles Ray, fort défendu par Pinault, est-elle déjà programmée pour l’an prochain, à Beaubourg et à la Bourse de Commerce… J.L.


Benzema revoit la vie en bleu

18 mai. Un coup fumant d’artiste : en rappelant en mai un Karim Benzema qu’il écartait de l’équipe de France depuis cinq ans et l’affaire du chantage à la sextape visant Mathieu Valbuena, le sélectionneur des Bleus, Didier Deschamps, est devenu celui qui pardonne, et non plus celui qui condamne sans jugement le plus grand attaquant français de sa génération. La sentence judiciaire a pourtant fini par tomber le 24 novembre : un an de prison avec sursis et 75 000 euros d’amende pour complicité de délit de tentative de chantage, le Madrilène ayant fait appel. En bleu, Benzema aura eu le temps de laisser en quelques mois l’empreinte d’un joueur apaisé, aussi discret en coulisse qu’influent sur le terrain et on ne nous empêchera pas de penser qu’en lui limant les dents (tais-toi et joue), le staff tricolore s’est privé d’un œil acéré et d’une autorité qui aurait pu endiguer le fiasco tricolore du dernier Euro, les hommes de Deschamps ayant été sorti (3-3, 4-5 aux tirs au but) dès les huitièmes de finale par la Nati suisse. G.S.


Désormais, Messi, c’est Paris

10 août. Le grand cirque. Des journalistes qui applaudissent le joueur en pleine conférence de presse, d’autres qui déclarent leur flamme sur Twitter («c’est notre première fois») et une présentation pharaonesque au Parc des Princes qui, loin de constituer le propos liminaire de l’affaire, en fut en vérité le cœur puisqu’on n’a vu rien d’autre ­ensuite. Poussé à la porte par la banqueroute d’un club, le FC Barcelone, où il pesait à lui seul (entre 70 et 105 millions d’euros annuels, selon les estimations) un tiers de la masse salariale, Lionel Messi s’est engagé avec le Paris-SG. Le 29 août à Reims, lors des premières minutes de l’Argentin avec le maillot du vice-champion de France (numéro 30), Kylian Mbappé inscrit les deux buts de la victoire (2-0) parisienne : bienvenue, bonhomme, mais t’es chez moi… Lionel Messi ouvrira son compteur de buts parisiens le 28 septembre, contre Manchester City en coupe d’Europe, mais attendra la 14e journée et fin novembre pour inscrire son premier but en Ligue 1. Et ira, tranquille, chercher son septième Ballon d’or une semaine plus tard. Il poussera les feux quand l’envie lui prendra, aucun doute là-dessus. Ce n’était pas pour cet automne. G.S


A Tokyo, des JO à huis clos

Juillet-août. D’abord reportée d’un an pour cause de Covid, puis menacée d’annulation, la XXXIIe olympiade d’été a finalement été maintenue dans un Tokyo atone. Coût exorbitant, préparatifs mis à mal par l’état d’urgence sanitaire, défiance de la population : les organisateurs nippons n’auront pas été épargnés. Pressés par le CIO, ils ont dû décider de mesures draconiennes : compétitions à huis clos, et bulle sanitaire stricte où athlètes et médias avaient interdiction de se mélanger. Des Jeux de l’étrange, marqués par la victoire surprise des sprinteurs italiens sur 4x100 m et le retrait inattendu de la gymnaste Simone Biles, en proie à des problèmes de santé mentale. Mis à part les sports collectifs, le judo et l’escrime, la délégation tricolore a déçu, glanant seulement 33 médailles dont 10 en or. Pas rassurant, à trois ans de Paris 2024. R.Mé.