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Thriller

«De grâce» sur Arte : c’est grave, docker

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Vincent Maël Cardona signe une indigeste série-polar sociale aux manières éléphantesques, sur fond de trafic de drogue au port du Havre, avec Olivier Gourmet en patriarche à la voix gutturale.
Olivier Gourmet, à deux doigts de la déchirure laryngique. (Alexandra Fleurantin/Ego Productions)
publié le 9 février 2024 à 18h09

Le titre et le déversement de lumière céleste évoquent une série sur le monde religieux ; l’affiche à photo de famille virilement burinée et regards ténébreux sous nuages marronnasses lorgne plutôt la pub de whisky («ici commence le clan»). Ni l’un ni l’autre : c’est aux nostalgiques de la saison 2 de Sur écoute – celle des docks de Baltimore – et éventuellement au premier cercle d’Edouard Philippe que s’adresse ce thriller en six épisodes sur les dockers du Havre, leurs syndicats, leurs connexions mafieuses, leurs trafics de dope. Une figure tutélaire du port (Olivier Gourmet) est retrouvée morte d’une balle dans la caboche ; ses enfants tentent de remonter la piste du meurtre, en évitant eux-mêmes les éclaboussures d’un marécage criminel qui souille ici tout le monde, des ouvriers aux flics, des syndicalistes aux prostituées.

D’après un scénario signé d’un tandem encore inconnu à ces niveaux (Maxime Crupaux et Baptiste Fillon), la réalisation a été confiée à Vincent Maël Cardona, césarisé en 2022 pour un premier film au formol bien corsé sur les radios pirates et les années Mitterrand (les Magnétiques). On reconnaît sa patte : un goût du camaïeu beige-orange, des zincs enfumés et du papier peint à mot