De loin, l’œil perçoit un immense bloc oranger. Planté nu dans le sud-ouest de la mer Egée, il semble surgir de nulle part. Pourtant, ce piton rocheux, de 1,8 kilomètre de long sur 300 mètres de haut, est relié à la côte du Péloponnèse, dans le sud de la Grèce, par une seule étroite bande de terre. Né d‘un séisme en 375, l’endroit est dénommé Monemvasia, la «seule digue». La quiétude de cette cité médiévale sublime entourée de remparts est actuellement perturbée par un projet : la construction d‘un téléphérique pour gagner le haut du piton uniquement accessible par un sentier pentu. Pour les habitants, c’est une hérésie. Le 18 mars, la fédération européenne du patrimoine culturel Europa Nostra leur a emboîté le pas en faisant de Monemvasia l’un des sept monuments les plus menacés d‘Europe pour 2025.
La polémique prend sa source en 2021, quand la municipalité décide de relier la «ville basse», un village de pierre aussi appelé «Kastro», blotti sous ce gigantesque caillou, à la ville haute aujourd‘hui en ruines. Le projet s’intitule «Fourniture et installation d‘un ascenseur pour le château de Monemvasia». Pour l’adjoint au maire en charge du dossier, Stavros Christakos, il s’agit «principalement de répondre aux besoins des résidents et des visiteurs de Monemvasia, car plus de 50 % d‘entre eux ont des difficultés à accéder au château» en raison du chemin escarpé qui mène au sommet. En 2024, les premiers plans, découverts dans les études préalables à la construction sur c