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Mercredi pages jeunes

«Déplacements» d’Elisa Sartori, l’exil à hauteur d’enfants

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Dans son quatrième album, l’autrice met en scène une jeune femme qui déambule dans sa nouvelle ville à la recherche d’un foyer.
Le livre se présente comme un mélange de photos d’archives et de dessins aux tons orange, noir et blanc. (CotCotCot éditions)
par Maïa Sieurin
publié le 2 avril 2025 à 12h33

Comment parler d’exil avec des enfants ? Comment leur expliquer à leur hauteur les difficultés liées à un tel bouleversement et ses conséquences ? Elisa Sartori s’y attelle dans son quatrième album, Déplacements. Elle tisse un conte porté par la voix de la fille du personnage principal, une femme contrainte à fuir son pays en guerre. Des phrases simples lui permettent de transmettre des idées complexes, accompagnées d’un mélange de photos d’archives et de dessins aux tons orange, noir et blanc.

«En débarquant, elle avait tout de suite senti le poids de l’air sur elle. La gravité paraissait plus lourde ici.» La première page est la seule à n’être pas illustrée. Elle plante pourtant le décor et ce qui a précédé l’arrivée du personnage dans ce nouvel espace, à vingt ans. L’arrachement est peut-être trop difficilement représentable. Seuls les mots ont leur place. Le récit de son installation s’accompagne, lui, d’images. La perspective de la pièce vide où elle emménage renforce la solitude du personnage anonyme, que l’on n’aperçoit pas dans l’album, «les chaises pour seule compagnie». A l’extérieur aussi, elle est isolée. Des personnages en forme de maisons asymétriques et au visage issu de photographies regardent dans sa direction sans jamais interagir avec elle. Chacun son foyer, chacun sa vie ancrée dans un lieu. Comme par un effet de dézoom, une double page laisse voir des rangées de bâtiments et de fenêtres se multipliant presque à l’infini