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Exposition

«Dessiner pour Napoléon» : esquisses du Premier Empire

Le musée des Archives Nationales exhibe une centaine de dessins, plans et cartes destinés à l’Empereur et compilés à l’époque par le secrétaire d’Etat impérial. Des chefs-d’œuvre de précisions topographiques qui permettent de cerner le système politico-administratif du Premier Empire.
Carte de Basse-Egypte issue de l'atlas de l’Histoire du consulat et de l’Empire, d'Adolphe Thiers et Henri Dufour, édité à Paris en 1864. (akg-images / Album / Prisma)
publié le 13 septembre 2021 à 9h30

Un bon dessin vaut mieux qu’un long discours. En bon militaire, Napoléon préférait cartes et croquis aux rapports touffus. «La géographie, ça sert d’abord à faire la guerre», a écrit le géographe Yves Lacoste. Mais pas seulement. Pour Napoléon Ier, ces documents constituaient ce que l’on n’appelait pas encore «une aide à la décision» ; des dessins exhumés de la secrétairerie impériale et aujourd’hui exposés au musée des Archives Nationales, dans le marais, à Paris.

Ils ont été compilés à l’époque par le secrétaire d’Etat impérial, poste occupé par Hugues-Bernard Maret, duc de Bassano de 1799 à 1811 ; l’homme lige du régime, celui par qui tout transitait, des décrets jusqu’aux plus simples demandes de congés à faire parapher par l’Empereur jusque sur les champs de bataille. Ainsi, en septembre 1812, à la veille de la retraite qui allait engloutir l’armée impériale et un demi-million de soldats, Hugues-Bernard Maret transportait dans son portefeuille jusqu’au quartier général de l’Empereur à Moscou… la demande de quinze jours de congés du préfet de Seine Inférieure !

Cette exposition intitulée «Dessiner pour Napoléon» donne à voir des documents qui sont de véritables chefs-d’œuvre de précisions topographiques et scientifiques et permet aussi de cerner le système politico-administratif du Premier Empire. Pas une décision ne pouvait être prise sans passer par Napoléon. Jusqu’aux dessins des plus petits boutons de guêtres ou aux dorures des uniformes des inspecteurs généraux de la Poste.

Lent travail de restauration

L’exposition s’articule autour de trois axes, le développement des voies de communication, de l’industrie et enfin l’aménagement des territoires et les villes. Les ingénieurs des ponts et chaussées associés à ceux du génie militaire dressent des plans et établissent des cartes avec un double objectif : commercial mais aussi tactique pour permettre l’acheminement des troupes et éviter les incursions ennemies. Plus de 60 000 kilomètres de routes verront le jour sous le règne de Napoléon Ier, qui façonne aujourd’hui encore une grande partie de la France.

La ville de la Roche-sur-Yon (Vendée) lui doit par exemple sa physionomie actuelle. Elle devient préfecture de la Vendée à la place de Fontenay-le-Comte pour permettre d’aller n’importe où dans le département en une journée de cheval. La route du Simplon de Gènes à Milan est ouverte en 1803. Une carte des matières premières présente sur le territoire est établie… L’empire doit aussi pallier les effets du blocus anglais qui le prive de certaines denrées.

Les archives nationales conservent sur plus de 480 mètres linéaires des documents relatifs au consulat et à l’Empire parmi lesquels ces plans et dessins exposés pour la première fois. Souvent pliés au milieu de documents écrits, plus de 1 342 dessins ou cartes ont nécessité un lent travail de restauration entrepris en 2017. Une souscription a même été lancée pour financer le sauvetage de ces pièces d’une extrême minutie. En cette année du bicentenaire de la mort de Napoléon, ces documents attestent de son empreinte dans les infrastructures de la France actuelle.

«Dessiner pour Napoléon. Trésors de la secrétairerie d’Etat impériale». Jusqu’au 18 octobre. Entrée gratuite. Musée des Archives Nationales, 6 rue des Francs-Bourgeois. 75003 Paris