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Série documentaire

«Dessiner pour résister» sur Arte : femmes caricaturistes et périls

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Une série documentaire va à la rencontre de cinq dessinatrices en Inde, Syrie, Egypte, Russie et au Mexique. Et souligne la similarité des menaces qu’elles encourent.
La dessinatrice syrienne Amany al-Ali. (SWR/Clindoeilfilms)
publié le 8 mars 2024 à 15h46

Elles ne se connaissent pas, sont séparées par des milliers de kilomètres, mais parlent toutes du dessin, telles des alchimistes, comme d’un processus de transmutation des émotions. En Egypte, la caricaturiste Doaa el-Adl évoque un procédé par lequel «l’énergie négative se mue en une forme de bonheur». L’Indienne Rachita Taneja dit que son webcomic à l’humour amer «naît de la colère, de l’injustice» tandis qu’à côté d’elle, le JT égrène les lois liberticides du gouvernement Modi. Au Mexique, c’est la peur qui sert de moteur à la jeune Mar Maremoto, qui rêve ses illustrations en espace d’identification et d’affirmation, en refuge pour les femmes, les queers et tous ceux qui se sentent écrasés par une société hyperpatriarcale et machiste.

«Inculpée pour blasphème»

Série documentaire en cinq volets (un sixième, aux Etats-Unis, est en cours de tournage), Dessiner pour résister trace à chaque épisode un portrait d’artiste en situation, exposant le cadre étouffant qui conditionne son travail. Le dessin pour «résister», donc, mais le mot est à lire autant comme un acte militant que comme un geste défensif, une cuirasse pour ne pas céder face à la folie ambiante. Le dispositif de la série est simple mais passionnant par sa manière de laisser au spectateur le soin de connecter les paroles entre elles, des phrases qui résonnent en boucle de l’Inde à la Syrie. «Tout le monde pensait que j’étais un mec» ; «Depuis quand une femme peut donner son avis politique ?» Comme si