L’écriture de Natalia Ginzburg n’a l’air de rien, ses sujets de prédilection non plus (le plus souvent, elle-même), sa simplicité est inimitable. Son regard décalé, ses pointes d’humour, sa faculté de donner sens à l’imperceptible emportent à bas bruit, un peu à la manière d’une Deborah Levy, une cinquantaine d’années plus tard. Si elle donnait la recette de la soupe aux poireaux, elle la rendrait palpitante. Les deux courtes pièces rassemblées sous le titre Diari d’Amore que monte Nanni Moretti évoquent fortement certaines histoires des Petites Vertus, recueil paru en français en 1992, un an après la mort de l’autrice italienne. Ce sont onze textes cultes et bien-aimés, qui traitent tout autant de l’inclination de Natalia Ginzburg pour les chaussures trouées, du seul métier qu’elle connaisse (écrire), ou encore de tout ce qui la différencie de son mari – et ce dernier texte fait particulièrement écho.
Un déluge de reproches
C’est la première incursion de Nanni Moretti au théâtre. Une autrice vénérée, un cinéaste qui ne l’est pas moins : leur rencontre est attendue. Est-ce une déception ? Eh bien disons qu’il faut beaucoup aimer l’une et l’autre, très