La méditation canonique d’Ozu sur la vieillesse dans Voyage à Tokyo, avec son couple de retraités en visite chez leurs enfants dans la capitale japonaise, est la référence implicite de deux films que rapproche le hasard du calendrier des sorties hebdomadaires. Qu’il s’agisse de Dimanches de l’Ouzbek Shokir Kholikov ou Comment devenir riche (grâce à sa grand-mère) du Thaïlandais Pat Boonnitipat – deux réalisateurs encore très jeunes puisqu’ils sont nés l’un et l’autre dans les années 1990 –, les films reposent, dans leur attention même à des figures séniors, sur la mauvaise conscience d’une génération nécessairement négligente puisqu’elle a d’autres désirs que d’être soutien ou témoin d’une biographie déclinante. Les deux films visent ainsi, peu ou prou, à se racheter une conduite à l’intérieur même d’un processus inexorable d’effacement des anciennes solidarités intergénérationnelles, thème lui-même vieux puisqu’il était déjà au cœur du film japonais de 1953 où l’on pouvait entendre cette sentence : «Quand on perd ses enfants on est malheureux ; mais quand ils vivent, ils deviennent lointains.»
Odeur de pain fait maison
On se souvient aussi d’Une histoire vraie de David Lynch, avec son personnage blanchi se hâtant lentement à bord d’une tondeuse à gazon pour retrouver, dans